Éditions GOPE
2e édition illustrée, 224 pages, 13x19 cm, 18.85 €, ISBN 978-2-9535538-6-4





vendredi 6 mai 2011

La cité des enfants perdus

[…] Quand j’ai rencontré Phi Odt pour la première fois, elle vivait dans une cabane en feuilles de palmier, sans eau courante, ni électricité, ni moustiquaire où elle revendait des stupéfiants à des Farangs. Elle devait avoir dans la trentaine et malgré son visage ravagé par la drogue, vous pouviez voir qu’elle avait été extraordinairement belle. Une de ses copines apprit que j’étais écrivain public et m’emmena chez elle. Odt désirait que je lui traduise des textes en anglais, une grande quantité me prévint-elle, mais elle ne voulut pas me dire quoi au juste avant que nous nous soyons mis d’accord sur un prix.

Elle commença par proposer une rémunération en drogue, puis en services sexuels avant de finalement accepter un paiement en liquide. Elle présenta alors une boîte d'archives en carton qui contenait au moins vingt carnets dont chaque page, recto verso, était remplie d'une écriture fine et soignée. Il s’agissait de poèmes en thaï, il devait y en avoir des milliers, et je compris immédiatement que j’aurais dû demander un prix plus élevé. Cette traduction allait être plus difficile que les habituels « Mon cher Joe, je suis fauchée… »

Tandis qu’elle remplissait d’opium le fourneau d’une pipe, elle me dit que ces poèmes étaient destinés à ses enfants et qu’il fallait absolument qu’ils soient traduits en anglais d’abord puis en néerlandais. Je lui demandai alors pourquoi ses enfants lisaient le néerlandais au lieu du thaï et c’est ainsi que je passai une nuit entière dans sa cahute à l’écouter me raconter sa vie. […]

Retrouvez Odt et bien d’autres personnages tout aussi picaresques dans Trois autres Thaïlande.

Copyright © Steve Rosse 2006
Copyright © Éditions GOPE, mars 2011, pour la version française
Traduit de l’anglais (États-Unis) par David Magliocco

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